Etre soi selon Krishnamurti

"Être à soi-même sa propre lumière : là est la vraie liberté - et cette liberté n’est pas une abstraction, elle n’est pas le fruit de la pensée..."

"Le Monde est ce que nous sommes."

"Sans connaissance de soi il n'y a pas de pensée correcte, et ce que vous faites n'a pas de sens, quelle que soit la noblesse de vos intentions." 


"Le commencement de la méditation est la connaissance de soi, ce qui veut dire être conscient de chaque mouvement de la pensée et de l'émotion, connaitre toutes les couches de ma conscience - non seulement les couches superficielles, mais les activités cachées, secrètes, profondes. Mais pour connaître les activités profondément cachées, les mobiles secrets, les réponses, les pensées et les sentiments, il faut qu'il y ait de la tranquillité dans l'esprit conscient ; c'est-à-dire que l'esprit conscient doit être immobile afin de recevoir les projections de l'inconscient."

"Je (Krishnamurti) voudrais vous demander quel est votre intérêt fondamental et permanent, dans la vie. Laissant de côté toutes les réponses obliques et abordant cette question directement et honnêtement, que répondriez-vous ? Le savez-vous ? Que le centre de votre intérêt n’est autre que vous-même ? C’est ce que la plupart d’entre nous répondraient s’ils étaient sincères : " je m’intéresse à mon évolution, à mon travail, à ma famille, au petit coin dans lequel je vis, à obtenir une meilleure situation, plus de prestige et de pouvoir, à mieux dominer les autres, etc. Je crois qu’il serait logique, n’est-ce pas, d’admettre que ce qui nous intéresse au premier chef c’est " moi d'abord " 


Voilà près de 30 ans que j'ai découvert Krishnamurti par ses livres, ses conférences, ses écoles... et une rencontre. Et sa parole continue à inspirer mon parcours de vie. 

Toute l'oeuvre de Krishnamurti peut-être considérée comme un énoncé des obstacles, en majorité psychologiques, qui paralysent les possibilités de perceptions naturelles les plus profondes de l'esprit humain. Il s'agit d'une véritable science naturelle de l'Eveil intérieur, science de la " connaissance de soi ", dont la mission essentielle consiste à rendre l'homme vraiment libre par la prise de conscience de ses conditionnements. En fait, nous ne sommes que " conditionnements ", à la fois physiquement et psychologiquement, mais nous ne nous en rendons pas compte. 

 "Ne rien promettre n'est pas, ici, comme si souvent, l'affirmation trompeuse d'une liberté, offerte ou à prendre, qui masque un refus d'engagement, une peur de prendre des responsabilités. Ici, ne rien promettre, c'est refuser au " je " une échappatoire vers le futur, c'est le contraindre à rester dans le présent, là où s'activent les conflits qui le ravagent."



" Le moi est un fait, mais c'est une illusion."
Krishnamurt
 
Enseignant spirituel, philosophe, éducateur, écrivain, sage, d'origine indienne mort en 1986, J. Krishnamurti est considéré par beaucoup comme un éveillé de très haute dimension et une des personnes les plus influentes dans l’élaboration d’une nouvelle spiritualité non religieuse et non dogmatique.
Très vite, Krishnamurti apparut comme un penseur de grande envergure, intransigeant et inclassable, dont les causeries et les écrits ne relevaient d'aucune religion spécifique, n'appartenaient ni à l'Orient ni à l'Occident, mais s'adressaient au monde entier. .
J. Krishanmurti nous invite à un bouleversement radical de l'individu et cela passe selon lui par la compréhension du mental et de l’ego.
L'essence de l'enseignement de Krishnamurti est contenu dans sa déclaration de 1929.

"Aucune organisation, aucune foi, nul dogme, prêtre ou rituel, nulle connaissance philosophique ou technique de psychologie ne peuvent conduire l'homme à la vérité. Il lui faut la trouver dans le miroir de la relation, par la compréhension du contenu de son propre esprit, par l'observation et non par l'analyse intellectuelle ou la dissection introspective..
Ses causeries commençaient souvent par un exposé de ce qu'écouter veut dire et quelle était la relation entre l'orateur et l'auditoire.
Il rappelait sans cesse la responsabilité et la liberté de chacun tant pour la vie individuelle que pour la vie de la société.  "Vous êtes le monde "
Ce que Krishnamurti ne va cesser d'affirmer à partir de 1929, c'est qu'il faut se libérer de nos conditionnements, de tout ce qui nous construit: illusions, croyances, préjugés, pour accéder à la liberté et à la vérité...

Krishnamurti révolutionne le monde spirituel. En effet qu'elles soient orientales ou occidentales les traditions religieuses sont embourbées dans leurs croyances, leurs rites et leurs répétitions. Cela a conduit au conformisme, à l'infantilisme et au mimétisme de la conscience spirituelle.
Krishnamurti a créé la rupture avec cela, en montrant d'abord l'exemple dans sa vie, quand il a tourné le dos à la Société Théosophique




 



"Ecoutez-moi bien. Etant enfant, j’ai été élevé dans la tradition hindoue dès l’âge de huit ans ; père et mère se conformaient aux règles de l’orthodoxie la plus stricte, menant une vie très simple, méditant, fréquentant le temple. Puis je fus adopté, ainsi que mon frère, par des gens qui disaient : « Le Maître nous prédit que ce garçon va être etc., etc. » Ils élevèrent l’enfant avec un soin jaloux, veillant sur lui, ne le laissant jamais seul afin que nul ne puisse le corrompre. Il fut l’objet d’une attention extrême. Puis tout cela cessa, et ils déclarèrent alors : « Voici le futur Instructeur du Monde ». Ce n’était pourtant qu’un garçonnet de quatorze, quinze ans, qui ignorait tout de ces choses-là. Comprenez-vous ce que je dis ? Elles entraient par une oreille et sortaient par l’autre : je n’ai pas été conditionné – ni en tant qu’hindou ni en tant que théosophe. Pourtant ils affirmaient que ce Maître, qui est éternel – et que sais-je encore – allait parler par ma bouche. Vous comprenez ? Une personne devenait la traduction vivante de toutes leurs croyances. Saisissez-vous ce que je veux vous dire ? Cette personne était censée entrer en contact avec eux sur un autre plan que le plan ordinaire, pour leur transmettre des messages, et ainsi de suite. Une personne ? C’est hors de question, voyons ! La personne humaine devient bien trop petite lorsqu’il est question de telles dimensions célestes ! Si vous êtes élevé dans un tel contexte, ou bien vous êtes conditionné, ou bien vous êtes détruit. Comprenez-vous ce que je veux dire ? "

 

La mort inattendue de son frère Nitya après une longue maladie, choqua fondamentalement la croyance et la foi de Krishnamurti en la Théosophie et ses dirigeants.  Il fut brisé. Mais après des jours pour surmonter sa douleur, il réussit à passer par une révolution intérieure, à trouver des forces nouvelles. Cette expérience  détruisit toutes les illusions. Quelque chose de nouveau apparut.
« ... Un ancien rêve est mort et un nouveau naît, comme une fleur qui traverse la terre dure. Une nouvelle vision prend naissance et une plus grande conscience se déploie... Une nouvelle force, née de la souffrance, palpite dans les veines, une sympathie et une compréhension nouvelles naissent de la souffrance passée – un plus grand désir de voir les autres moins souffrir, et, s’ils doivent souffrir, de veiller à ce qu’ils le supportent noblement et en sortent sans trop de cicatrices. J’ai pleuré, mais je ne veux pas que les autres pleurent ; mais s’ils le font, je sais ce que cela signifie. »


 


Poème de jeunesse publié en 1930 
Viens avec moi t'asseoir prés de la mer, ouvre ton coeur, sois libre.
Je te parlerai d'une paix intime
Comme celle des profondeurs calmes,
D'une liberté intime
Comme celle de l'espace
D'un bonheur Comme celui des vagues qui dansent.
Vois, la lune trace un chemin de silence sur la mer sombre.
Ainsi, devant moi, l'intelligence ouvre un sentier lumineux.
La douleur gémissante se cache sous la moquerie d'un sourire,
Le poids d'un amour périssable alourdit le coeur,
La raison est déçue et la pensée s'altère.
Ah, viens t'asseoir près de moi, Ouvre ton coeur, sois libre.
Comme la lumière que la course immuable du soleil ramène,
L'intelligence en toi viendra.
Les lourdes terreurs d'une attente angoissée S'en iront de toi, comme les vagues reculent sous l'assaut des vents.
Viens t'asseoir près de moi,
Tu sauras quelle intelligence naît d'un amour vrai.
Comme le vent chasse les nuées aveugles,
La pensée claire chassera tes préjugés stupides.
La lune est amoureuse du soleil
Et le rire des étoiles emplit l'espace.
Oui, viens t'asseoir prés de moi, Ouvre ton coeur, sois libre.

 

 Pour nous, l’objet de l’éducation, c’est de libérer l’esprit du moi.

*

C'est un total lâcher prise
qui permet de s'éveiller à ce qui est au delà du moi.

"Je me demande s'il serait possible d'être éveillé totalement, non en quelques points périphériques de l'être, mais totalement éveillé, sans provocations ou expériences. Cela exigerait une grande sensibilité, à la fois physique et psychologique. Cela voudrait dire qu'il faudrait être affranchi de toute aspiration, car je provoquerais l'expérience dès l'instant que je l'appellerais". (Krishnamurti)
*
Nous voici arrivés au point où nous devons nous demander en toute sincérité et profondément si la paix, le bonheur, le réel, peut nous être donné par autrui. La connaissance de soi s'obtient-elle en la cherchant partout, en écoutant des enseignements, en adhérant à des organisations, en lisant des livres, etc., etc. ? Au contraire (et c'est cela le point fondamental) tant que je ne me comprends pas, ma pensée n'a pas de base et toutes mes recherches sont vaines ; tant que je serai dans l'ignorance de moi-même, tant que je ne serai pas conscient de la totalité de mon propre processus, ma pensée, mes sentiments, mon action n'auront pas de base.

Mais nous connaître est la dernière chose que nous voulons, bien que ce soit la seule fondation sur laquelle on puisse bâtir. Car ce que nous sommes, le monde l'est aussi ; et si nous sommes mesquins, jaloux, vains, avides, c'est cela que nous créons autour de nous, c'est cela la société où nous vivons.

il est essentiel que nous commencions par nous comprendre nous-mêmes. Comprenez plutôt que si vous ne vous connaissez pas, si vous n'êtes pas conscients de votre façon de penser, des raisons pour lesquelles vous tenez à certaines opinions, à certaines croyances sur l'art et la religion, sur votre pays, sur votre voisin et vous-même, bref si vous n'êtes pas conscients de tout ce qui fait votre conditionnement, il vous est impossible de penser avec vérité sur quoi que ce soit.

Pour nous observer dans la vie quotidienne, pour voir comment fonctionne notre pensée, il nous faut être extraordinairement sur le qui-vive, devenir de plus en plus conscients des complexités de notre pensée, de nos réactions et de nos émotions, et parvenir ainsi à une lucidité de plus en plus grande, non seulement en ce qui nous concerne, mais au sujet de la personne avec laquelle nous sommes en rapport. Se connaître c'est s'étudier en action, laquelle est relation. Nous sommes si absorbés par notre gagne-pain, des enfants à élever, des responsabilités dans différentes organisations, que nous n'avons guère le temps de réfléchir, d'observer, de nous étudier. Mais la responsabilité de nos actions nous incombe, nous ne pouvons pas la faire endosser à autrui. Et comme la plupart d'entre nous sont aveugles en ce qui les concerne, il est bien difficile de commencer même à voir clair dans le processus de notre pensée, de nos sentiments et de nos actions.

Plus l'on se connaît, plus il y a de clarté. La connaissance de soi n'a pas de limites ; elle ne mène pas à un accomplissement, à une conclusion. C'est un fleuve sans fin. Plus on s'y plonge, plus grande est la paix que l'on y trouve. Ce n'est que lorsque l'esprit est tranquille grâce à la connaissance de soi (et non par l'imposition d'une discipline) qu'en cette tranquillité, en ce silence, la réalité surgit. Alors seulement est la félicité, l'action créatrice. Mais celui qui est capable, en se comprenant lui-même, de donner naissance à ce bonheur créatif, à ce « quelque chose » vécu qui n'est pas du monde de la pensée, peut-être produit-il une transformation autour de lui dans ses relations immédiates, donc aussi dans le monde où nous vivons.
K.


Voir aussi:    http://krishnamurti.fr.gd 


 « Si vos yeux sont aveuglés par vos soucis, vous ne pouvez pas voir la beauté d'un coucher de soleil. »


 Le royaume du bonheur
"Une fois que vous êtes entré, que vous avez respiré la fraîcheur, la paix, la sérénité du Royaume vous ne pouvez jamais plus oublier ces réalités qui sont l’essence même de la vie, qui seules importent, vous ne pouvez plus douter, vous ne pouvez plus souffrir. Cela seul peut vous donner la certitude que vous ne suivez pas en aveugle dans les pas d’un autre ; cela seul vous assurera que vous marchez vers l’Éternel et l’Absolu ; seulement alors vous aurez communion avec Lui qui est présent en toutes choses. Le don de persuasion sera vôtre, alors vous aurez la parole du savant, le cœur du sage et sa compassion. Vous pourrez conduire d’autres âmes à comprendre ce que c’est qu’échapper à la douleur et aux mesquineries qui tourmentent et usent leur vie journalière. Trouvez-vous donc vous-même, écoutez cette Voix, souffrez, apprenez les moindres leçons de la vie. Une fois que vous vous serez trouvé, vous le posséderez, Lui ; Il deviendra la vie de votre vie, l’être de votre être. Il est où vous êtes, non une entité séparée qui vivrait dans une glorieuse solitude ; où vous êtes, Il est ; où je suis, Il se trouve, et partout où une âme a goûté la joie du Royaume, Il est avec elle. Vous étant trouvé, vous avez trouvé le “Moi” vrai, et l’ayant trouvé, vous pouvez toujours revenir à la Source ; vous tenez la clef de toute connaissance, il est en votre pouvoir de communier toujours avec l’Éternelle Compassion, Source Éternelle de toutes choses. Que n’ai-je le pouvoir de vous rendre capables de voir, de sentir pour vous-même !"
(Krishnamurti, Le royaume du bonheur)

 ***
L’influence durable de Krishnamurti est difficile à mesurer. Il n’y a pas d’organisation  fondée sur sa « philosophie », seules des écoles qu'il avait fondées et des associations préservant livres et videos.
Son insistance à ce qu’il n’y ait aucuns successeurs ou interprètes a jusqu’ici empêché tout individu ou groupe de prétendre représenter une continuité de sa philosophie.

Krishnamurti lui-même avait remarqué  lors de la dissolution de l’Ordre de l’Etoile qu’il n’était pas intéressé par le nombre, déclarant « s’il y a seulement cinq personnes qui écouteront, qui vivront, qui auront leurs visages tournés vers l’éternité, cela sera suffisant. »

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